Les amidonniers n’échappent pas à la crise énergétique
À l’occasion de sa conférence de presse, le 29 septembre à Paris, l’Usipa, syndicat représentant les entreprises d’amidonnerie (ADM, Cargill, Roquette et Tereos), a fait part de ses inquiétudes face à la crise énergétique et climatique inédite qui touche la profession.
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Incertitudes sur la disponibilité de la matière première, coûts de l’énergie qui flambent, l’Usipa a présenté le 29 septembre, en amont de son assemblée générale, la situation inquiétante qui pèse sur l’amidonnerie française. Les coûts des matières premières ont plus que doublé en deux ans. « La matière première agricole, c’est notre premier coût de production, elle représente entre 50 à 70 % des coûts », explique Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa.
La crainte de perdre les agriculteurs
Les conséquences de la sécheresse 2022 sur les matières premières, à 97 % françaises, sont préoccupantes. « En blé, la richesse en protéine a baissé, ce qui engendrera une diminution de la production de gluten. La situation pour le maïs est beaucoup plus problématique, la récolte s’annonce catastrophique », explique Marie-Laure Empinet, directrice relations extérieures chez Roquette.
Pour les pommes de terre, elle constate : « Une baisse des récoltes de 20 % a été annoncée. La production de fécule va également souffrir de la compétition avec les différentes cultures au niveau des exploitations. Aujourd’hui, l’agriculteur a le choix de son assolement. Notre crainte concernant les cultures de printemps, dont les rendements sont plus compliqués à atteindre, c’est de perdre les agriculteurs et les hectares. »
Le deuxième coût de production des amidonniers, c’est l’énergie, et notamment le gaz. L’industrie amidonnière est gazo-intensive et a vu ses coûts énergétiques doubler en un an. Cumulés, les coûts de matières premières et d’énergie représentent aujourd’hui entre 70 à 90 % des coûts de production. Une augmentation qui menace la compétitivité des industriels français qui dédient 73 % de leur production à l’export.
Des aides jugées inadaptées
L’Usipa déplore le système d’aides européennes déployé pour les énergo-intensifs et craint les plans de rationnement en cours d’élaboration. « Nous sommes dans une industrie de volume qui tourne 7 jours sur 7, 365 jours par an. Le moindre rationnement de gaz dans une industrie qui a déjà fait l’objet de beaucoup d’optimisations sur ses process, c’est un rationnement sur la production et donc sur l’ensemble de nos chaînes de valeur. Si on rationne une amidonnerie, on crée une pénurie dans les rayons, voire dans les rayons des pharmacies », déclare Mariane Flamary.
Face à la situation, le secteur a demandé à être classé parmi les secteurs « essentiels aux besoins de la nation ». L’Usipa a exprimé d’autres demandes auprès des pouvoirs publics comme celles de prolonger en 2023 les dispositifs d’aides destinées aux entreprises énergo-intensives et de revoir les critères d’éligibilité.
Objectif : − 35 % de gaz à effet de serre
Malgré la situation, la profession s’investit pour produire dans de meilleures conditions. Ces cinq dernières années, elle s’est engagée sur son efficacité énergétique et environnementale avec, par exemple, sur un de ses sites, une baisse de 17 % de consommation en eau à la tonne produite et 5 % d’énergie. En 2022, la feuille de route de décarbonation a été finalisée : son objectif est de réduire de 35 % les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon de 2030 par rapport à 2015. Une baisse de 12 % a déjà été observée entre 2015 et 2020.
Mathilde SouléPour accéder à l'ensembles nos offres :